Présentation
et extraits du CD de l'orgue Kern enregistré par
Frédéric MAYEUR
Eugène
GIGOUT (1844 - 1925)
Né
à Nancy le 23 mars 1844; mort à Paris le 9
décembre 1925. Il reçut sa
première formation musicale à la
cathédrale de Nancy, comme choriste.
Élève à l'École Niedermeyer
de Paris à partir de 1857, il eut Clément Loret
et Camille Saint-Saëns comme professeurs. Il devint
à son tour professeur dans cette école (en
écriture, piano et orgue), puis succéda
à Alexandre Guilmant à la classe d'orgue du
Conservatoire de Paris en 1911, juste avant son
élève Marcel Dupré. Il fut organiste
à l'église Saint Augustin à Paris
pendant 62 ans. Son neveu et fils adoptif Léon
Boëllmann, décédé
à 35 ans, était aussi organiste et compositeur
pour orgue.
L'œuvre d'Eugène Gigout n'est pas
entièrement vouée à l'orgue. Parmi ses
œuvres célèbres pour orgue, on peut
citer la Toccata en si mineur et le Scherzo en mi majeur des Dix
Pièces pour orgue de 1890, le Grand Chœur
dialogué (1881), Cent Pièces brèves
dans la tonalité du plain-chant (1889), Album
grégorien (1895), Cent Pièces nouvelles (1922),
les Poèmes mystiques (1903).s...
1 - Grand chœur dialogué
: Cette œuvre en sol majeur confronte
deux plans de fonds et d'anches,
l'un sans, l'autre avec pédale. Une première
partie fait sonner un motif martial dynamisé par les valeurs
pointées. Après un
développement plus linéaire, le retour de la
marche en la mineur
puis la
bémol majeur puis sol constitue la
deuxième section. La troisième section oppose
à nouveau les deux claviers comme au début mais
avec une écriture plus décorative et orchestrale.
Bon nombre de pages de cette époque sont régies
par ce principe de polychoralité qui consiste à
opposer en rivaux le Grand Orgue (accouplé au positif et
à la Bombarde) et un Récit expressif richement
doté. L'idée sera reprise dans la Fantaisie dialoguée
de Léon Boëllmann où l'orgue alterne
cette fois avec l'orchestre.
extrait du Grand
chœur
dialogué
2 - Minuetto :
Jolie œuvre en si
mineur, tripartite,
faisant tour à tour sonner
le hautbois du récit en solo ponctué par une
élégante ligne de basse sur les flûtes
de pédale, puis les ensembles de fonds doux (voix
célestes, flûtes...)
extrait du Minuetto
3 - Scherzo :
Pièce enjouée, en trois parties, sur les fonds et
anches 8 et 4 du récit. Entre les deux parties
extrêmes, de caractère optimiste, s'intercale une
section médiane où les différents
plans sonores dialoguent en échos
resserrés.
extrait du Scherzo
4 - Toccata :
Cette œuvre virtuose en si
mineur s'organise selon les trois
paliers
d'un crescendo conduisant au Grand chœur de l'instrument.
Sorte de
mouvement perpétuel avec quelques incursions dans les tons
voisins (fa
dièse mineur) ou en sol majeur, et
cheval de
bataille de la plupart des organistes, elle impressionne par sa
cohérence et frappe d'autant plus qu'elle est concise et
économe d'effets.
extrait de la Toccata
Louis VIERNE
(1870 - 1937)
Né
à Poitiers le 8 octobre 1870; mort à Paris le 2
juin 1937. Durant toute sa vie il est quasiment ou totalement aveugle.
Vierne est fils de journaliste. Pendant sa jeunesse il habite Poitiers,
puis Lille et Paris. Son oncle, Charles Colin, professeur de hautbois
au Conservatoire de Paris et organiste, découvre les dons
musicaux du jeune Vierne et l’aide dans sa
carrière artistique. Vierne apprend également le
violon. À 19 ans, Vierne entre dans la classe
d’orgue de César Franck au Conservatoire.
Après la mort de Franck l’année
suivante, Vierne continue ses études avec Charles-Marie
Widor et devient assistant de Widor à Saint-Sulpice, et
collègue et ami d’Alexandre Guilmant. À
30 ans, il est nommé titulaire des grandes orgues de la
cathédrale Notre-Dame, poste qu’il occupera
jusqu’à sa mort. Comme professeur
d’orgue, il joue un rôle fondamental sur toute une
génération des musiciens. Parmi ses
élèves on compte Nadia Boulanger, Marcel
Dupré, Joseph Bonnet, André Marchal, Maurice
Duruflé et Gaston Litaize.
« Je n’ai eu
qu’un seul but : émouvoir » - Louis
Vierne
5 - Matines
: Andante moderato en si
majeur, d'une grande simplicité "toute
monacale" (B. Gavoty), exposant un ostinato de trois notes sur une
flûte de huit pieds, introduisant une section
médiane enrichie du hautbois en arrière-plan,
puis une conclusion modeste sur les voix celestes.
extrait de Matines
6 - Communion
: Adagio espressivo en mi
mineur. Pièce expressive sur les fonds,
composée en mémoire de la première
messe de l'abbé Henri Doyen, élève et
ami de Louis Vierne.
extrait de Communion
7 - Stèle
pour un enfant défunt : Larghetto molto
espressivo en sol majeur,
dédié à la
mémoire de Jean de Briançon, jeune
garçon mort prématurément.
Très expressive, cette pièce fait admirablement
chanter le flûte harmonique du Grand-orgue,
accompagnée par des fonds doux.
extrait de Stèle pour un enfant défunt
11 - Cathédrales:
Pièce de vastes dimensions, d'une grande profondeur,
exposant un
thème large sur les fonds de 32 de la pédale,
soutenu par
les anches du Récit. Menée crescendo jusqu'au
Tutti, la
pièce conclut dans une ambiance retenue sur des fonds doux.
extrait de Cathédrales
12 - Naïades
: Pièce d'écriture virtuose, en sextolets de
doubles croches, en si
majeur.
Un thème lyrique est exposé aux jeux ondulants
tandis que
les doubles croches passent à la main gauche.
extrait de Naïades
13 - Carillon de Westminster
: Une
œuvre
incontournable du répertoire, composée
sur le thème de "Big-Ben", partant de la nuance pianissimo
pour s'achever en un déchainement de cloches battant
à toute volée.
extrait du Carillon de Westminster
Gabriel
PIERNE (1863 - 1937)
Né
à Metz le 16 août 1863; mort à Ploujean
(Finistère) le 17 juillet 1937. Sa mère est professeur de
piano et son père professeur de chant. La défaite
française de 1870 amène la famille à Paris.
Pierné entre au Conservatoire de Paris où il a pour
maîtres Albert Lavignac, Antoine François Marmontel,
Émile Durand, César Franck et Jules Massenet. En 1882, il
obtient en même temps que le prix d'orgue, le Second premier
Grand Prix de Rome avec la cantate Édith. Au Conservatoire, il
côtoie Claude Debussy avec lequel il restera toujours très
lié. À la mort de César Franck en 1890, il
remplace son maître à la tribune de l’orgue de
l'Église Sainte-Clotilde pendant huit ans avant que Charles
Tournemire ne prenne la relève en 1898.
La véritable carrière musicale de Pierné
s'effectue à la direction d’orchestre. Il devient en 1903
adjoint d'Édouard Colonne à la tête des Concerts
Colonne pour en assurer ensuite seul la direction de 1910 à
1934. Il obtient une grande célébrité comme chef
d'orchestre et en profite pour imposer d'innombrables œuvres
contemporaines (Claude Debussy, Maurice Ravel, Albert Roussel, Igor
Stravinski, etc.). Il assure ainsi, notamment, la création de la
Symphonie de Louis Vierne en 1919 et de la Symphonie no 3 de Georges
Enesco en 1921 ; il s'attire les foudres de son ami Camille
Saint-Saëns lorsqu'il dirige la Seconde suite de Darius Milhaud.
Gabriel Pierné est, parallèlement à sa
carrière de chef d'orchestre, l'auteur d'une œuvre
musicale assez diversifiée comme compositeur.
En 1924, il est nommé membre de l’Académie des
Beaux-Arts au fauteuil de Théodore Dubois. La même
année, il est fait Chevalier de la Légion
d’honneur. Il s'éteint en Bretagne à Ploujean le 17
juillet 1937, mais son corps sera inhumé au Cimetière du
Père-Lachaise à Paris, sous une tombe sculptée par
Henri Bouchard.
8 - Prélude
: Perpetuum mobile en sol mineur, composé d'élégantes arabesques menées crescendo jusqu'au Grand-chœur.
extrait du Prélude
9 - Cantilène
: Mélodie suave en mi bémol majeur,
non dénuée d'un certain esprit fauréen. La
clarinette du positif expressif est soutenue par le boudron de 8 pieds
du Grand-orgue. Une heureuse conclusion sur la flûte de 8 du
Récit achève le mouvement dans une grande
sérénité.
extrait de la Cantilène
10 - Scherzando de Concert
: Cette œuvre
virtuose et contrastée, en trois parties, exploite largement les
possibilités de dialogue entre les plans sonores : hautbois et
fonds du Récit dialoguent avec le Grand-orgue ponctués
par des pizzicatis au bourdon du positif. La section médiane
fait chanter la trompette du Récit, dans une écriture
plus harmonique.
extrait du Scherzando de concert